Des chercheurs suisses ont conçu une peau artificielle procurant aux usagers de casques immersifs les sensations du toucher dans les environnements de la réalité augmentée.
Comment toucher sur les écrans de nos ordinateurs, tablettes, smartphones et depuis peu à travers les casques immersifs, des objets virtuels qui sont par définition impalpables. La réponse est simple ! En passant par des interfaces dénommées « haptiques ». Le terme désigne toute une famille de périphériques informatiques qui simulent des impressions tactiles. Vibration ou retour de force, de nombreux systèmes vous permettent déjà d’apprécier des différences de poids ou de pression dans un environnement numérique.
Mais ressentir directement sur la peau les sensations subtiles que procure naturellement un véritable contact physique est une autre paire de manches. Afin de coller le plus fidèlement possible au virtuel, les chercheurs suisses du laboratoire de robotique reconfigurable et celui des Interfaces bioélectroniques souples de l’École Polytechnique fédérale de Lausanne, ont mis au point une peau artificielle composée de silicone et d’électrodes qui s’adapte à n’importe quelle morphologie. Une seconde « peau » en quelque sorte, qui s’enroule autour du doigt ou du poignet de son utilisateur pour délivrer un retour « haptique », sous forme de pression ou de vibrations. Sous l’effet d’un influx électrique, les électrodes peuvent varier d’intensité afin de simuler plusieurs types de « touchers ».
Retrouver la perception de son corps
Souple, léger, extensible et quasi-invisible, cet épiderme-électro est « capable d’envoyer pas moins de cent micro-impulsions par seconde directement au cerveau de son porteur par le truchement de ses nerfs », précisent les chercheurs. Cette peau artificielle a été conçue pour la rééducation des zones sensitives détruites chez les grands brûlés. Elle aide aussi des patients à retrouver leur sens proprioceptif, c’est-à-dire la perception de leur corps et de leurs mouvements dans l’espace. Les chercheurs de Lausanne envisagent à présent de parfaire la sensation d’immersion des joueurs dans les univers vidéo-ludiques de la réalité virtuelle et augmentée avec ce dispositif de simulation sensorielle.
Pour l’instant, leur prototype de retour « haptique » dermique, qui est d’une extrême sensibilité, ne concerne que le bout… d’un doigt. Mais ils envisagent déjà de créer une combinaison complète ! Qui nous permettrait alors de nous immerger totalement par le truchement du casque de réalité virtuelle dans des univers imaginaires générés par les machines. Ces mondes numériques parallèles au nôtre, que les visiteurs pourront bientôt manipuler à loisir et à l’infini.
RFI