Les transformateurs et exportateurs de cacao ivoiriens membres du GNI (Groupement des négociants ivoiriens) tirent la sonnette d’alarme depuis fin février. Ne pouvant rivaliser avec les compagnies multinationales dans l’achat de fèves de cacao, ils affirment être menacés de faillites. Des négociations sont en cours.
Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, 50% du cacao produit est certifié durable, c’est-à-dire que sa production répond à des normes sociales et environnementales. Ce cacao certifié, vendu plus cher que le cacao ordinaire, est acheté en quasi-totalité par les multinationales implantées en Côte d’Ivoire, comme Barry-Callebaut, Olam ou Cargill, grâce à des primes allouées à cet effet par les grands chocolatiers tels que Lindt, Mondelez, Ferrero ou Nestlé. La quasi-totalité de ces primes sont d’ailleurs versées à ces multinationales qui les répercutent aux intermédiaires, mais elles n’atteignent pas les producteurs.
À ce problème s’en ajoute un autre pour les entreprises ivoiriennes. « Il est impossible pour un transformateur ou exportateur, quel qu’il soit, ivoirien ou international, d’acheter du cacao non certifié, s’il ne dispose pas de primes de cacao certifié « durable », car tous les intermédiaires imposent pour livrer du cacao ordinaire qu’on leur achète aussi du cacao certifié », explique Constance Kouamé, secrétaire générale du GNI (Groupement des négociants ivoiriens).
Si rien ne change, les opérateurs ivoiriens seront donc dans l’impossibilité d’honorer leurs contrats d’exportation de cacao non certifié. Des discussions se sont donc ouvertes entre le GNI, le GEPEX, qui représente les exportateurs internationaux, et le Conseil Café Cacao (CCC).
Pour le moment, le CCC fait appliquer une règle de la réforme adoptée en 2012 et qui prévoit que les entreprises qui ont acheté trop de stock par rapport à leurs contrats d’exportation revendent le surplus aux autres afin que ces derniers puissent honorer leurs propres contrats. Le GNI demande « l’attribution annuelle aux transformateurs et exportateurs ivoiriens de 20% des volumes de cacao certifié durable, soit 200 000 tonnes par an sur le million de tonnes annuel de cacao certifié durable ».
Interrogé par Reuters, le GEPEX affirme ne pas refuser de revendre le surplus aux autres exportateurs, mais demande aussi de son côté au CCC des contrats d’exportation additionnels.
Autre gros problème pour les négociants ivoiriens : ces multinationales qui sont les concurrentes des sociétés ivoiriennes sont aussi leurs clientes. Les chocolatiers n’ont en effet aucune relation directe avec les sociétés ivoiriennes et sous-traitent tous leurs achats en Afrique aux multinationales. Une situation que les négociants ivoiriens souhaiteraient voir changer. En attendant, les discussions continuent.
RFI