La Banque centrale européenne (BCE) a présenté ce mercredi 18 mars un plan d’urgence de 750 milliards d’euros pour tenter de contenir les répercussions sur l’économie de la pandémie de coronavirus.
La Banque centrale européenne dégaine un plan colossal. « Les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire », a tweeté la présidente de l’Institut de Francfort Christine Lagarde. Elle promet qu’il « n’y a pas de limites à notre engagement envers l’euro ». D’autres mesures sont encore susceptibles de suivre, suggère-t-elle, quitte à utiliser « le plein potentiel de nos outils ».
Première bourse à réagir au plan de la BCE, la place de Tokyo a ouvert ce jeudi 19 mars en hausse de 2 %. Et les prix du pétrole en Asie ont nettement grimpé. Le « programme de rachat d’urgence face à la pandémie » via des rachats de dette publique et privée pour 750 milliards d’euros sera réalisé d’ici à la fin de l’année, a précisé l’institution dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion téléphonique du conseil des gouverneurs.
Les gardiens de l’euro mettront fin au programme lorsqu’il sera jugé que « la phase de crise du coronavirus Covid-19 est terminée, mais en tout cas pas avant la fin de l’année », précise la banque centrale.
Relancer le système économique
En rachetant massivement de la dette des États et d’entreprises de la zone euro sur les marchés, la BCE espère soulager les banques et les inciter à maintenir voire relancer leurs prêts aux ménages et entreprises, et ainsi à soutenir la production et l’emploi.
Ce soutien doit contribuer à relancer un système économique grippé, où de nombreuses sociétés sont obligées de suspendre leur activité face au virus et où certaines vont se retrouver bientôt menacées de faillite.
À titre de comparaison, de mars 2015 à décembre 2018, face aux risques de déflation, la BCE avait acheté des titres tous les mois sur les marchés financiers pour un total final de 2 600 milliards d’euros pour soutenir la zone euro. Son « QE » (« quantitative easing » ou « assouplissement quantitatif ») avait navigué à un rythme porté jusqu’à 80 milliards d’euros par mois.
117 milliards d’euros engagés par mois
Aujourd’hui, la BCE va encore plus loin face au coronavirus. En ajoutant ses rachats repris fin 2019 à raison de 20 milliards d’euros par mois, l’enveloppe de 120 milliards d’euros débloquée le 12 mars comme première réponse à la crise du coronavirus et celle de ce mercredi, ses interventions vont s’élever à 1 050 milliards d’euros sur les 9 mois restants en 2020, soit près de 117 milliards d’euros engagés par mois. En rachetant de la dette, son coût baisse sur les marchés et encourage les banques à continuer à faire leur travail, dont le but est de prêter aux entreprises et aux particuliers.
La BCE veut en outre organiser ses emplettes sur le marché de « manière flexible ». Ce qui laisse penser qu’elle pourrait mettre l’accent sur certains titres souverains en grande difficulté pour calmer les tensions sur leur dette. Cela pourrait profiter à l’Italie, pays le plus touché par l’épidémie et qui a vu ses taux remonter, accentuant la crise.
Le programme de rachats décidé ce mercredi 18 mars inclut aussi pour la première fois des titres émis par le gouvernement grec, qui n’avaient pas eu leur place dans le premier « QE ».
Une décision applaudie
La potion de la BCE est enfin supérieure encore à celle de la banque centrale américaine (Fed), qui a annoncé lundi l’achat de 500 milliards de dollars de bons du Trésor et de 200 milliards de dollars de titres hypothécaires, pour « soutenir le bon fonctionnement de ces marchés qui sont au cœur des flux de crédit aux ménages et aux entreprises ».
Le président français Emmanuel Macron avait estimé il y a six jours que le premier train de mesures de la BCE n’allait pas assez loin. Ce mercredi, il a exprimé son « plein soutien aux mesures exceptionnelles » de la BCE. « À nous États européens d’être au rendez-vous par nos interventions budgétaires et une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro », a-t-il ajouté.
La réponse de la BCE est « massive à tous les niveaux, taille, flexibilité, portée et engagement à revoir les limites » de ses achats fixées à ce jour à 33 % du stock de la dette par pays, a par ailleurs jugé aussi l’analyste Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management.
RFI