Conséquence du confinement contre l’avancée du coronavirus, l’industrie textile mondiale est quasiment à l’arrêt et le coton ne se vend plus. Les cours de la fibre sont au plus bas depuis la crise de 2008.
Le coronavirus terrasse le marché mondial du coton, plus encore que les autres matières premières. « A 49 cents de dollar la livre à la bourse de New York, la fibre est au plus bas de la décennie, le coton a perdu un tiers de sa valeur en 37 jours, souligne George Toby, le vice-président du CICCA (Comité de coopération internationale des associations cotonnières). Les prix pourraient encore se contracter jusqu’à 40 cents », contre 70 au début de l’année, quand l’accord sino-américain laissait espérer une embellie de l’industrie textile.
Les grandes enseignes ont fait défaut
Une industrie textile désormais anéantie par le coronavirus. Les grandes enseignes de l’habillement ont été surprises par l’extension de l’épidémie hors de Chine. Beaucoup avaient redirigé leur production textile en Turquie, au Bangladesh, au Pakistan, au Maroc.
Mais « du jour au lendemain, certaines enseignes du top 10 européen ont non seulement annulé leurs commandes, mais elles ont refusé de prendre livraison des produits fabriqués qui étaient déjà au bastingage dans les ports », s’indigne Anne-Laure Linget, analyste du secteur textile-habillement. Maintenant, toute l’industrie rebascule en Chine, mais ce pays a déjà importé beaucoup de coton, et va plutôt favoriser la production de polyester, avec un pétrole à 20 dollars.
Il faut stocker le coton à l’origine
Dans ce contexte, le commerce du coton est au point mort. Même le coton déjà vendu aux filateurs ne part plus. « Il y a du coton qui aurait déjà dû être sur l’eau et qui est encore à l’origine en Afrique ou en Inde, témoigne un négociant. Le négoce est pris entre le marteau et l’enclume, entre les pays producteurs qui ont besoin d’évacuer leur fibre et les clients qui ne veulent pas prendre livraison du coton ». Il va en outre falloir stocker ce coton « alors que la saison des pluies approche », par exemple en Afrique de l’Ouest.
Choc pour le négoce, menace sur le prix au producteur
Certains acteurs du négoce pourraient disparaître, tant le choc est fort sur le marché à terme. Dans les pays africains qui n’ont pas vendu toute leur récolte, les sociétés cotonnières devraient être contraintes de baisser le prix au producteur pour la prochaine campagne. Le prix mondial de la fibre ne couvre même plus les coûts de revient.
RFI