Après Shell, Total vient d’annoncer un plan d’économie pour faire face au plongeon des cours, accéléré par l’extension du coronavirus. Le géant français du pétrole va, comme ses concurrents, tailler dans ses investissements.
Pour les grandes compagnies pétrolières il s’agit non seulement d’organiser le travail pour éviter la propagation du virus, mais aussi d’éponger au plus vite les pertes financières. Avec un pétrole qui est passé en quinze jours de 6 dollars le baril à 25, le groupe français Total va devoir combler un trou de 9 milliards de dollars. Cela correspond à la moitié des investissements ou à la totalité des dividendes versés aux actionnaires.
Trois leviers vont être utilisés, a détaillé le PDG Patrick Pouyanné dans un message vidéo adressé aux salariés. Les investissements seront réduits de 3 milliards de dollars, pour plafonner à moins de 15 milliards. Total va cesser de racheter ses actions, source de 1,5 milliard d’économies supplémentaires. Et baisser de 400 millions de dollars ses coûts opérationnels. Les recrutements sont gelés jusqu’à nouvel ordre.
Ajournement du projet d’Exxon au Mozambique
Le géant français du pétrole n’est bien sûr pas le seul à refaire ses comptes. Le géant anglo-néerlandais Shell taille aussi dans ses investissements, réduits de 25 à 20 milliards ou moins. Le Britannique BP, très présent aux Etats-Unis, pourrait aussi réduire la voilure de 20%, y compris dans les pétroles de schiste. L’Américain Chevron annonce aussi une réduction des dépenses. Son concurrent américain ExxonMobil, alors qu’il avait prévu une hausse des investissements d’ici à 2025, devrait, lui, ajourner son projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique.
La crise de 2014 semble se répéter pour les compagnies pétrolières. Une crise aussi brutale si l’on considère la chute des cours. Mais qui intervient après les plans d’économie déjà menés par les majors. Chez Total, souligne son PDG, les investissements sont deux fois moins lourds qu’en 2014. Le point mort, c’est-à-dire le seuil de rentabilité, n’est plus à 100 dollars le baril, mais en dessous des 25 dollars, le niveau actuel des cours. Le coût de production d’un baril est de 5 dollars contre 10 à l’époque. Et l’endettement est deux fois plus faible, ce qui autorise le géant français du pétrole à emprunter pour finir de colmater la brèche, même si elle est énorme.
RFI