Aux États-Unis et en Europe, la reprise de l’activité est de plus en plus à l’ordre du jour des gouvernants. L’économie est-elle devenue plus importante que la lutte contre la pandémie ?
Partout où la progression de la contagion ralentit, on assiste aux prémices d’un retour à la normale. C’est d’abord parce que l’objectif du confinement est en partie atteint, que les gouvernements assouplissent les règles. Mardi, les petits commerces autrichiens ont rouvert. Ce mercredi, les écoliers danois doivent retourner en classe, signe d’une reprise déterminante pour que leurs parents puissent aller travailler. En France, la rentrée scolaire est annoncée pour le 11 mai. En Espagne, certaines activités sont à nouveau autorisées depuis lundi. Enfin, aux États-Unis, neuf États sont en train de se coordonner pour préparer ce virage délicat.
Souvent, les entreprises prennent les devants : Audi, du groupe Volkswagen, a rouvert son usine hongroise où travaillent 13 000 salariés. Renault fait de même au Portugal, tandis que Toyota promet la réouverture de ses usines françaises et polonaise dès la semaine prochaine.
La nouvelle urgence est de sortir l’économie du coma artificiel dans lequel on l’a volontairement plongé
Maintenant que les urgences médicales commencent à se désengorger, qu’il y a suffisamment de salles de réanimations et de respirateurs pour soigner les malades les plus gravement atteints, il faut tout faire pour sortir de la plus terrible récession qu’ait connue le monde depuis les années 1930, selon les termes employés mardi 14 avril par la chef économiste du FMI.
Dans sa toute première évaluation de la crise depuis l’application du confinement, le Fonds estime que l’activité mondiale va reculer de 3% cette année. C’est un recul de plus de 5 points par rapport à ses dernières prévisions publiées en janvier. En France, où la récession serait de l’ordre de 7 à 8%, Bercy a revu à la hausse le déficit public pour 2020. Avec le plan de soutien déployé depuis quelques semaines, il atteindra cette année 9% du PIB. Des chiffres qui confirment la gravité de la situation et donc l’urgence à sortir au plus vite de cette paralysie.
Le redémarrage de l’activité s’annonce laborieux, plus personne ne croit maintenant à une reprise ultra rapide de l’activité
Avec une courbe de croissance en forme de « V », c’était le pari des experts au début du coronavirus. Maintenant, plus personne n’ose faire de prévision. Le seul qui s’y risque encore, c’est le FMI, et il est très modeste. Au mieux, la croissance revient l’an prochain, au pire, la récession pourrait s’aggraver en 2021. Un éventail très large. Un tel degré d’incertitudes est d’abord lié à l’évolution de la pandémie et aux réponses médicales, traitement, vaccin qu’on espère trouver. C’est un facteur déterminant pour les activités de service, tourisme, vie culturelle, dont le retour à la normale paraît impensable tant que le risque de contamination perdure.
Les incertitudes sont aussi dues à l’organisation mondialisée de notre économie que la pandémie a fait voler en éclat. Même si la maladie est résorbée dans un pays, une industrie ne pourra pas sérieusement redémarrer tant que les biens intermédiaires produits ailleurs ne lui seront pas livrés, tant que les marchés ne seront pas rouverts. Les entreprises attendent donc des décisions gouvernementales coordonnées pour pouvoir reprendre leurs activités.
EN BREF
En France, les assurances ont accepté d’augmenter de 400 millions d’euros leur participation au fonds de solidarité mis en place par le gouvernement
Très critiquées par les entreprises pour leur absence de prise en compte du risque de pandémie, elles ont fini par céder aux injonctions du gouvernement en augmentant leur contribution. Elles préparent par ailleurs un régime d’assurance couvrant le risque pandémie.
Aux États-Unis, le plan de sauvetage du transport aérien est maintenant sur la table
Une dizaine de compagnies, dont les quatre plus grandes du marché américain, ont accepté les conditions poséees par le gouvernement en échange d’une aide globale estimée à 25 milliards de dollars. Très peu de détails ont filtré. Les compagnies s’engagent à ne pas licencier avant le 30 septembre. Elles devront rembourser le tiers de l’aide publique et accepter la présence de l’État parmi leurs actionnaires.
RFI