Nom de code Tidal ! Le laboratoire X d’Alphabet, la maison-mère de Google, teste un système de reconnaissance faciale pour les poissons. Officiellement dédié à la protection des océans, ce dispositif de cybersurveillance des milieux sous-marins servirait plus concrètement à contrôler la santé des poissons dans les fermes d’aquaculture.
« Comment ça, il n’est pas frais, mon poisson ? » Cette phrase culte tirée des albums d’Astérix réalisés par Albert Uderzo et René Goscinny, décrie toujours la même situation : un simple regard de travers sur l’étalage du poissonnier Ordralfabétix suffit à déclencher une bagarre générale dans le village Gaulois.
Mais ces querelles n’auront peut-être bientôt plus de raison d’être, quand la pollution et le réchauffement des eaux océaniques auront condamné, à plus ou moins brève échéance, les générations futures à se contenter de menu fretin. Protéger la biodiversité des ravages de la pollution et de la pêche intensive est le nouvel objectif que s’est donné le laboratoire X d’Alphabet, qui est, pour mémoire, le nom de la maison-mère de Google.
Les chercheurs du géant du numérique américain ont mis au point un système d’intelligence artificielle pour surveiller la santé des poissons, mollusques, coquillages et autres crustacés. « Ils présentent une faible empreinte carbone par rapport aux autres sources de protéines animales et jouent un rôle essentiel dans l’alimentation pour 3 milliards de personnes aujourd’hui » explique le laboratoire de la firme de Mountain View.
Le programme qui s’intitule Tidal développe des technologies de cybersurveillances adaptées aux environnements sous-marins. Les appareils électroniques du dispositif seraient capables de résister à l’eau salée et aux pressions des grands fonds. Les chercheurs ont développé leurs propres caméras sous-marines et des capteurs environnementaux pour analyser le comportement des poissons dans leur milieu naturel. Ces informations seront ensuite analysées par un logiciel de reconnaissance visuelle, l’algorithme détecte dans les images vidéos les signes précurseurs des maladies qui menacent les poissons.
La rapidité du système permet de capter le comportement de chaque animal tout au long de son développement. La première ambition des chercheurs est d’aider les pisciculteurs à gérer leurs exploitations ; rappelons que l’aquaculture représente la moitié de la production mondiale, soit 90 millions de tonnes de poissons par an, qui se retrouvent dans nos assiettes. Cette reconnaissance faciale serait déployée dans les océans pour canaliser les effets de la surpêche, mais reste à savoir quand ?
Pour l’instant, cette technologie façon « Big Brother des mers » se contente de barboter dans une piscine qui a été spécialement aménagée dans les bureaux du laboratoire X de la Silicon Valley.
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RFI