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Srinivas Gowda, l’homme plus rapide que Bolt… ou presque

Srinivas Gowda est-il capable de déloger Usain Bolt et devenir le meilleur sprinteur de l’histoire ? C’est ce que laisse penser sa performance réalisée début février dans l’État du Karnataka. Ouvrier du bâtiment, ce prodige de 28 ans aurait couru 142 mètres en 13,42 secondes, dont les 100 premiers mètres en 9,55 secondes, trois centièmes plus vite que la légende jamaïcaine. Mais voilà, petit détail qui a son importance, l’homme était tracté par deux buffles. Il excelle en effet dans le kambala, une discipline sportive qui s’inscrit dans le folklore local. Deux hommes, chacun tracté par deux buffles, s’opposent sur une distance de 142 mètres. Le kambala se déroule pieds nus dans une eau boueuse qui monte jusqu’aux chevilles, et ne favorise pas vraiment la performance sportive.

Toujours est-il que sur les réseaux sociaux, les Indiens, peu habitués à briller en athlétisme, se sont trouvé un nouvel héros. Son exploit a pris une telle ampleur sur les réseaux sociaux que le Comité international olympique (CIO), via sa chaîne olympique (olympic channel), s’est fendu d’un long article invitant à apprécier la performance de l’Indien avec précaution. En résumé, le CIO estime que les performances sont très difficilement comparables, et ne voit pas vraiment en Gowda le nouveau Bolt. L’article met notamment en avant le bénéfice dont l’Indien profite en s’accrochant à ses buffles. Pour ne pas vexer Gowda, dont « la réussite et le physique sont excellents », il est invité par le CIO à « tirer le meilleur parti de ses nouvelles opportunités pour se perfectionner » et s’essayer lors d’essais chronométrés officiels. Et l’article de conclure « On attend de voir ! ».

Le ministre des Sports s’en mêle

Ces essais chronométrés officiels, Srinivas Gowda aurait pu les réaliser dès le mois prochain. Ses exploits sont arrivés jusqu’aux oreilles du ministre des Sports, Kiren Rijiju. Rijiju est personnellement intervenu pour que Gowda intègre le centre du SAI, l’autorité indienne chargée du développement du sport de haut niveau, équivalent de l’Insep. Flairant bon le phénomène médiatique, Rijiju a publié plusieurs tweets, félicité par le vice-président. L’homme qui court derrière deux buffles des rizières s’est invité dans les plus hautes sphères du pouvoir.

Le seul qui semble avoir la tête sur les épaules dans cette affaire, c’est le principal intéressé. Srinivas Gowda a déclaré à la BBC Hindi qu’il déclinait l’invitation à disputer les tests nationaux prévus prochainement. Preuve qu’on ne badine pas avec le kambala, Gowda souhaite disputer les trois courses qu’il a au programme jusqu’en mars. Gunapala Kadamba, secrétaire fondateur de l’Académie kambala, se montre encore plus ferme : « C’est un engagement, il ne peut en aucun cas revenir en arrière », abonde-t-il, toujours pour la BBC. Gowda n’exclut cependant pas de rejoindre le fameux centre de haut niveau après ses engagements. Selon un tweet du ministre des Sports, cela serait même acté. Gowda « a dit qu’il lui restait trois courses jusqu’en mars. Après cela, il viendra au centre de la SAI pour les essais prévus ». Si Gowda était soudain pris de rêves olympiques, il aurait jusqu’au 20 juin pour s’y qualifier en courant 100 mètres en moins de 10,05 secondes… mais sans ses buffles pour le tracter.

 

lepoint.fr

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