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Afrique : où aller pour ses affaires ?

« Où investir en Afrique en 2020 ? ». Voilà une question à laquelle il n’est pas toujours évident de répondre. À moins de plonger dans les statistiques, les tableaux, les données de plusieurs dizaines d’institutions africaines et internationales. Et encore, ces informations ne sont pas toujours vérifiables, alors que la dimension informelle des économies africaines n’est pas toujours prise en compte. La banque sud-africaine Rand Merchant Bank (RMB) fondée en 1977, présente dans douze pays, plonge depuis neuf ans dans toutes les publications d’organismes multilatéraux, d’agences de notation et d’instituts de recherche privés pour en sortir un rapport annuel fortement documenté de près de 365 pages. Ce rapport qui porte sur différents secteurs (mines, industrie, énergie, télécommunications…) analyse, point par point, les sources pour établir un classement final des dix pays les plus attractifs.

L’Égypte en pole position devant le Maroc

« L’Égypte conserve sa première place dans notre classement et le Maroc prend la deuxième position devant l’Afrique du Sud. Certains pays comme la Tanzanie ont chuté dans le top 10, ouvrant la voie à d’autres pays, comme la Tunisie, la Côte d’Ivoire ou encore le Ghana, qui se rapprochent de plus en plus des cinq premiers », écrivent les analystes de RMB au sujet du critère de l’attractivité. Ainsi, d’après le classement général, les dix pays les plus attrayants pour investir en Afrique en 2020 sont : l’Égypte, le Maroc, l’Afrique du Sud, le Kenya, le Rwanda, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, l’Éthiopie et la Tunisie.

Du Maroc à la Guinée : des trajectoires différentes

Comment expliquer la remontée du Maroc ? Cinquième marché africain, avec un taux de croissance attendu de 4 % à moyen terme, le royaume chérifien a amélioré son environnement économique grâce à sa réintégration dans l’Union africaine et son adhésion à la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest. En plus, il n’y a pas vraiment de risque à l’horizon dans le pays, puisque le Maroc « restera dépendant de l’Europe, par le tourisme, étranger ainsi qu’aux investissements directs étrangers, sans oublier les envois de fonds ».

Quant à la Côte d’Ivoire, son économie est, d’après la RMB, l’une des plus diversifiées d’Afrique francophone. Seul bémol, le pays présente des risques politiques élevés tandis que sa dette augmente. En queue de peloton du classement général figurent le Soudan du Sud, le Liberia, le Burundi, la Somalie et la Guinée équatoriale.

Mais il y a aussi les pays qui ont enregistré les gains les plus importants, avec des progrès dans certains aspects : Djibouti a grimpé de dix places, le Mozambique remonte de huit places et la Guinée gagne sept places.

Des avancées notables et des reculs surprenants

RMB propose aussi une perspective des pays qui vont connaître une forte croissance entre 2019 et 2024. En tête, on trouve le Sénégal avec un taux de croissance moyen de 8,2 % devant le Rwanda (+ 7,8 %) et l’Éthiopie (+ 7,2 %). Pour s’y retrouver, Rand Merchant Bank propose aussi une grille de lecture autour de la taille du marché. C’est encore l’Égypte qui arrive en tête avec un marché de 1,4, viennent ensuite le Nigeria et l’Afrique du Sud. La plus grande surprise de ce classement est le recul de l’Éthiopie. Ce champion de la croissance a perdu cinq places pour se retrouver en neuvième position. Tout comme la Tanzanie, le géant d’Afrique de l’Est a perdu des points sur le critère de la facilité de faire des affaires.

Malgré les embellies, des perspectives pas au beau fixe

Au-delà d’être devenu une publication très scrutée pour son top 10. Rand Merchant Bank axe ses analyses sur les indicateurs qui semblent essentiels pour libérer le potentiel de croissance du continent. D’après la banque, les perspectives de croissance de l’Afrique restent assombries par une économie mondiale ralentie et par une forte volatilité des prix des matières premières. Pour la banque sud-africaine qui s’appuie sur les données de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, les pays africains à faibles ressources ont été les moteurs de la croissance. Le FMI prévoit que la croissance du continent atteindra un peu moins de 4 % en 2020 à moyen terme. RMB s’inquiète d’autant plus que les réformes structurelles prennent du temps. Du coup, la dette publique, dans la plupart des économies, limite l’espace budgétaire nécessaire pour que les gouvernements agissent dans les domaines importants de la santé, de l’éducation, etc. Les experts avertissent que « la nécessité de mettre en œuvre des réformes structurelles n’est pas propre au continent, mais [qu’]elle renforcera les gains de productivité et améliorera les niveaux de croissance et de productivité à plus long terme ».

Les matières premières, la consommation, les services financiers… : des indicateurs à suivre

Parmi les autres indicateurs clés que scrute RMB figurent en bonne place les ressources minières de l’Afrique. Puisque le continent abrite plus de la moitié des réserves mondiales d’or, de chrome et de platine, et une proportion importante des réserves mondiales de diamants. Autre secteur : la consommation. « Bien que le rythme de la croissance de la classe moyenne ait été plus lent que prévu pour des raisons propres à chaque pays, le profil économique, le paysage démographique du continent reste attractif », apprend-on dans ce rapport. Ensuite vient l’analyse du secteur dans lequel la banque elle-même officie. Celui des services financiers. En effet, « sans financement durable, il n’y aura pas de développement de projets dans des domaines clés, tels que les infrastructures, les soins de santé et les projets énergétiques ». L’infrastructure est un obstacle majeur à la croissance inclusive. Alors que la pénurie d’infrastructures en Afrique est indéniable, il offre de nombreuses opportunités d’investissement. Enfin, l’attractivité des pays du continent dépend aussi des technologies.

lepoint.fr

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