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Le coût économique du coronavirus en question

Emmanuel Macron s’adresse ce lundi soir aux Français pour leur parler des décisions de l’exécutif pour la suite de la crise du coronavirus et du confinement. Il sera selon toute vraisemblance prolongé. Mais plus il dure et plus la question de son coût économique se pose.

« Quoi qu’il en coûte ». Lorsqu’il avait annoncé la mise à l’arrêt de la France sans prononcer le mot de confinement, Emmanuel Macron avait été clair sur ce point-là. Le confinement serait coûteux, mais ce coût serait supporté par l’État. Seulement voilà, depuis, ce qui était une idée est devenu un peu plus concret chaque jour. Le plan de soutien français, notamment prévu pour financer les mesures de chômage partiel, est passé de 45 milliards au départ à 100 milliards d’euros ces derniers jours. La Banque de France a calculé que chaque quinzaine de confinement coûte 1,5 point de croissance. Le calcul est simple : un mois : 3 points. Deux mois, comme c’est manifestement envisagé : 6 points. À la croissance moyenne de ces dernières années, il faudrait donc deux ou trois ans pour revenir au niveau de départ.

Des secteurs entiers menacés

Ce calcul grossier n’est valable que si l’économie peut être rallumée aussi facilement qu’elle a été éteinte. Et c’est loin d’être acquis. Il est même pratiquement sûr que ce ne sera pas le cas. L’État va soutenir Air France et Renault ou encore d’autres grandes entreprises d’intérêt considéré comme supérieur pour le pays, et d’autres entreprises encore. Mais elles seront nombreuses à tout simplement disparaître en silence et même dans une grande dignité si l’on prend l’exemple des restaurateurs qui fournissent gratuitement des repas aux soignants. Ce sont les plus petites qui sont frappées. Et ce sont parfois des secteurs entiers. La France est la première destination touristique au monde et il est difficile de croire que ce secteur sinistré repartira comme par enchantement pour la saison d’été si le confinement se desserre. L’ONG Oxfam craint que 500 millions de personnes basculent dans la pauvreté dans le monde. Avant, comme le demande le Medef, de se demander s’il faudra travailler plus, il n’est pas inutile de se demander qui va pouvoir encore travailler.

L’industrie prête à repartir

C’est pour cela que des responsables économiques demandent à redémarrer. C’est par exemple le cas du président de l’UIMM, la fédération des patrons de la métallurgie, donc de l’industrie au sens large. Pour Philippe Darmayan, interrogé dimanche dans le quotidien Le Parisien, les entreprises industrielles sont prêtes à repartir. Et un travail a été mené pour que cette reprise soit possible dans les conditions les plus sûres.

D’autres n’ont pas attendu. Le constructeur automobile japonais Toyota redémarre son usine de Valenciennes pour honorer les commandes des clients qui, selon la direction, attendent leurs véhicules alors que le pays est confiné. Des enseignes, notamment de bricolage, qui ne font pas partie de la liste des commerces essentiels, ont également redémarré une partie de leur activité pour le week-end de Pâques.

Dilemme

Souvenez-vous il y a à peine une quinzaine de jours, Donald Trump, le président américain disait qu’il ne fallait pas que le remède, le confinement, soit pire que le mal, la pandémie de Covid-19. Compte tenu de la situation sanitaire, il a depuis changé l’ordre de ses priorités pour placer la santé avant l’économie. La Lombardie, région la plus industrieuse d’Italie est aussi celle qui paye le plus lourd tribut au coronavirus avec plus de 10 000 morts. Le lien de cause à effet est difficile à établir, mais il n’est pas interdit de se poser la question de l’influence de la relance de l’activité sur la situation sanitaire. Cette question très difficile se pose un peu partout dans le monde. Elle n’est pas seulement économique, elle est éthique et même philosophique. Et c’est pour cela que l’on ne peut pas y répondre en se fondant sur le rapport coût/bénéfice des décisions à venir.

RFI

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