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Les marchés affolés par l’épidémie de coronavirus et la chute des prix du pétrole

Les bourses de la planète sont en chute libre ce lundi 9 mars, affolées par la baisse massive du prix du pétrole et en raison des risques que fait peser sur la croissance mondiale la propagation du coronavirus. 

C’est le chaos sur les places boursières du monde entier. Les bourses asiatiques ont les premières terminées en très forte baisse, entrainant derrière les places financières d’Australie, des pays du Golfe, puis les marchés européens avant de contaminer Wall Street. Son indice vedette, le Dow Jones, a perdu 7,79% en début de séance.

La Bourse de Londres a terminé à 7,69%. Milan, la capitale financière de l’Italie est en quarantaine et subit de lourdes pertes. Son indice a flanché de plus de 11%. Le Bourse de Madrid a perdu 7,96%, celle de Francfort a dévissé de 7,94%, tandis que la Bourse de Paris s’est écroulée de 8,39%, sa pire séance depuis 2008. Les marchés redoutent une débâcle économique.

Avec l’épidémie de coronavirus, la baisse de la consommation risque de se prolonger. De nombreuses entreprises perdent de l’argent. Les chaînes de production sont désorganisées, les avions cloués au sol, des centaines de salons et manifestations sont annulés les uns après les autres.

Les investisseurs sont dans la confusion et l’incertitude. Ils espèrent une réponse internationale coordonnée. C’est également le souhait du FMI. Jusqu’à présent chaque pays a pris ses propres mesures pour atténuer les effets de l’épidémie.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a ainsi annoncé qu’elle allait injecter quotidiennement au moins 150 milliards de dollars dans le marché monétaire. En Europe, les yeux sont tournés vers la Banque centrale européenne (BCE) qui se réunit ce jeudi. Les marchés espèrent qu’elle augmentera ses rachats d’obligation d’entreprises.

Une guerre des prix déclenchée par l’Arabie saoudite

À cette crise du coronavirus s’ajoute une crise pétrolière massive. Le baril de brut a perdu près du tiers de sa valeur sur les marchés asiatiques. Une chute aussi spectaculaire en une seule séance, c’est du jamais vu depuis la guerre du Golfe en 1991. Et c’est bien une nouvelle guerre qui fait paniquer les marchés.

Depuis le 8 mars, Riyad brade le prix de son brut. Le chef de file de l’Opep cherche en général à apaiser le marché en réglant soigneusement le débit de son robinet à pétrole, et c’est bien ce qu’il a d’abord voulu faire en proposant jeudi dernier une nouvelle baisse de la production aux pays membres du cartel et à la Russie. Mais Moscou a refusé. D’où la volte-face courroucée du royaume saoudien. Avec les coûts de production les plus bas au monde, et une capacité à produire au gré de sa volonté, l’Arabie saoudite a les moyens de donner une leçon à la Russie. Son offre massive à prix cassé va limiter les ventes des concurrents, au risque de briser davantage les marchés pétroliers.

En Afrique, le spectre de la crise de 2014 et 2015

La chute des cours inquiète fortement l’Afrique et ses partenaires. On se souvient que la crise de 2014-2015 avait quasiment mis à genoux l’Afrique centrale. Des pays comme le Tchad, le Gabon, la République du Congo n’ont dû leur salut financier qu’à l’intervention du FMI. On avait d’ailleurs frôlé la dévaluation du CFA en Afrique centrale. Autant dire que personne n’a envie de revivre un tel scénario.

Il faudra pourtant se serrer les coudes, selon le spécialiste du pétrole africain, Jean-Pierre Favennec : « Il va y avoir pour les pays producteurs de pétrole, en particulier les Africains, une perte de recettes pendant quelques semaines ou quelques mois, donc il est certain que pour quelque temps, la situation va être très compliquée dans ces pays-là. Certains ont des réserves de devises qui pourraient leur permettre de tenir, d’autres sont dans des situations plus difficiles. Ça va être difficile, mais je ne pense pas que ce soit une catastrophe pendant très longtemps ».

Jean-Pierre Favennec n’est pas inquiet à moyen terme, ne serait-ce que parce qu’avec de tels niveaux de prix, les producteurs américains de pétrole de schiste ne sont plus rentables et vont arrêter de produire, ce qui fera remonter les cours. Par ailleurs, il parie déjà sur une reprise de l’économie mondiale d’ici quelques mois, après l’épidémie de coronavirus. Selon lui la crise actuelle sera bien moins grave que celle de 2014 et 2015. En attendant, les producteurs africains devront réduire leurs dépenses publiques. Et sans doute demander à nouveau l’aide du Fonds monétaire international.

RFI

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