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Le prix négatif du baril de brut est-il un sérieux avertissement à l’industrie pétrolière ?

Le prix négatif du pétrole atteint la semaine dernière présage-t-il le déclin de l’industrie pétrolière ? C’est la question qui hante les producteurs américains alors que le brut coté à New York continue à perdre du terrain sur les marchés à terme ( -25% hier lundi et déjà -15% ce mardi matin en Asie ).

Dans cette industrie de légende, jamais personne n’avait osé imaginer un scénario aussi cauchemardesque : un baril à un prix négatif, cela risque pourtant de se répéter dans les prochaines heures. Cet évènement impensé est attribué à une anomalie de la chaine industrielle : le manque de stockage de brut, qui finira bien par disparaître une fois la demande revenue. Un évènement temporaire et donc a priori peu signifiant pour l’avenir.

Pourtant, cette pénurie de cuves, d’oléoducs aux États-Unis intrigue : comment se fait-il que le pays qui est redevenu le premier producteur mondial de pétrole n’a pas construit de nouvelles capacités ? « Pas assez rentable » répondent les investisseurs, car il faut des décennies pour amortir ces nouveaux équipements. Or le filon du schiste a été creusé à coup d’endettement record et il repose sur un pari, celui d’un cours élevé du pétrole. La plupart des nouveaux venus perdent de l’argent quand le baril vaut moins de 40 dollars. En clair une activité opportuniste et précaire, pas conçue pour le temps long. Au niveau actuel des cours, les jours de ces entreprises fragiles sont comptés.

Donald Trump veut soutenir cette activité qui symbolise le retour de la grandeur de l’Amérique, les investisseurs privés seront plus difficile à convaincre. « Nous avons détruit le capital qu’on nous a prêté, plus personne aujourd’hui ne nous soutiendra » reconnait le directeur de Pioneer Natural Resources, l’une des plus grandes sociétés texanes de pétrole de schiste.

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Les majors sont-elles mieux armées pour survivre à cet effondrement des cours ?

Elles ont effectivement des réserves de cash importantes, elles pourraient d’ailleurs mettre la main sur les pépites du schiste américain, mais contrairement à ce qu’on a pu penser au début de la pandémie, elles ne sont pas immunisées contre la récession provoquée par le coronavirus. Elles aussi subissent la pression des investisseurs. On verra dans les jours qui viennent, avec la publication de leurs résultats du premier trimestre, si elles sont en mesure de verser des dividendes, et si elles sacrifient leurs dépenses d’investissement. Une perspective pas très réjouissante pour les actionnaires. Dans ce cas, vont-ils conserver ces titres dans leur portefeuille si les profits jusqu’alors réguliers et juteux s’évaporent ?

Quand la demande repartira, l’industrie pétrolière retrouvera-t-elle son pouvoir d’attraction auprès des investisseurs ?

Une baisse de la demande de pétrole de 30%, c’est la vraie cause de la chute des marchés et c’est un choc totalement inédit et difficile aujourd’hui de prévoir un retour à la normal rapide avec le transport aérien en berne pour longtemps. Une étude parue l’an dernier prévoyait que le baril pourrait dégringoler dans la zone des 10-20 dollars en cas de succès du véhicule électrique. Le coronavirus a généré en accéléré un test de résistance grandeur nature pour voir comment elle peut survivre à cet environnement de prix ultra bas. L’or noir demeure vital pour l’activité, c’est encore le sang de l’économie, mais l’industrie doit dorénavant s’adapter à l’effacement de la demande, accidentel ou pas, pour garder la confiance des investisseurs. Car cette expérience laissera des traces dans leur mémoire: ils savent dorénavant que la soif de brut n’est pas inextinguible.

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RFI

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