Le prochain Tour de France, qui doit en principe se dérouler du 27 juin au 19 juillet, est le seul grand événement sportif maintenu à l’heure actuelle. Mais avec l’évolution de la crise sanitaire dans l’Hexagone, il pourrait bien ne pas être organisé à ces dates.
Depuis 1903, on se masse sur le bord des routes françaises pour regarder passer les coureurs en plein cœur de l’été. Et seules les deux Guerres mondiales ont stoppé le Tour de France, qui a même survécu aux scandales de dopage à la fin des années 90.
Le coronavirus va-t-il affecter le seul dernier grand rendez-vous sportif des prochains mois encore programmé ? Les Jeux olympiques de Tokyo et l’Euro de football sont passés à la trappe et sont reprogrammés pour 2021. Mais le Tour, c’est tous les ans…
« D’autres hypothèses » à l’étude
La semaine dernière, le directeur du Tour Christian Prudhomme annonçait le report du Dauphiné, la course préparatoire du Tour de France qui devait commencer le 31 mai. « À ce jour, les dates du Tour de France sont maintenues. Mais ce serait mentir que de dire que l’on n’étudie pas d’autres hypothèses », avait déclaré le responsable de l’épreuve sans pour autant annoncer de plan B.
La seule indication fournie par Christian Prudhomme reste la nécessité de laisser au moins deux mois de préparation aux coureurs avant le coup d’envoi. Pour le moment, comme une grande partie de la population mondiale, ces derniers sont confinés. Or pour que le Tour puisse prendre son départ aux dates fixées, il faudrait qu’ils puissent commencer à s’entraîner sur les routes dès la fin avril.
Un Tour décalé ?
Le Tour pourrait-il être décalé de quelques semaines ? Et comment organiser l’année cycliste en cas de report ? L’Union cycliste internationale et les équipes savent que la Grande Boucle reste la priorité pour l’économie du cyclisme et semblent d’accord.
« Sans le Tour de France, le cyclisme aurait un très gros problème », insistait récemment dans le quotidien Die Welt le patron de l’équipe allemande Bora, Ralph Denk. En Belgique, le patron de l’équipe Deceuninck-Quick Step, Patrick Lefevere, confronté à la réduction de l’investissement qu’entend opérer son partenaire principal, ne dit pas autre chose dans les colonnes du Het Nieuwsblad : « Si le Tour venait à ne pas être disputé, ce serait un coup dur qu’ASO [Amaury Sport Organisation, ndlr] pourrait probablement encaisser mais pas les équipes. Cela pourrait faire s’effondrer tout le modèle sur lequel est construit notre sport. »
Le Tour, une necessité pour certaines équipes
« Si le Tour de France est annulé, je vois beaucoup d’équipes arrêter en fin de saison parce que leurs sponsors les laisseront tomber. Une annulation de la Grande Boucle serait une catastrophe pour le cyclisme », avance le Belge Thomas De Gendt, qui avait gagné l’été dernier l’étape de Saint-Etienne. Il fait partie des coureurs qui ont accepté une diminution de salaire.
« Le Tour, c’est la clef de voûte de notre économie. Si le Tour est annulé, on court à la catastrophe. Le modèle économique de mon équipe repose aussi sur les hospitalités et je compte énormément sur le Tour pour lever des fonds, choyer mes sponsors, organiser des reconnaissances d’étapes », a déclaré à France Info Jérôme Pineau, qui a créé l’équipe française Vital-Concept en 2108 et qui est invité à participer au Tour de France pour la première fois. « Je ne peux pas me passer de cette caisse de résonance. C’est le Tour qui est attractif, pas le cyclisme. »
Dix à douze millions de spectateurs sur le bord des routes
La Grande Boucle attire entre 10 et 12 millions de spectateurs sur le bord des routes. Les autorités sanitaires françaises seront-elles prêtes à accepter la fin de la distanciation sociale qui pourrait relancer l’épidémie ? Et ce avec un public venu de plusieurs pays d’Europe ? « Pour moi, c’est impossible à organiser. On ne va pas mettre les forces publiques sur la route alors qu’ils auront certainement autre chose à faire. C’est déjà assez tendu pour eux. Il y a un problème de santé publique », estime pour RFI le journaliste Jean-Louis Le Touzet, qui a suivi dix-huit éditions.
Si le ministère des Sports avait envisagé un temps une course à huis clos, l’organisateur a balayé cette idée. Mais ASO, qui organise l’événement, pourrait perdre énormément d’argent en cas d’annulation. Un situation inédite pour la plus grande course cycliste du monde.
RFI